Oscar Roméo s’inscrit dans cette longue tradition de personnages imaginaires dont l’histoire de l’art et de la littérature regorge; de George Sand aux Yes Men en passant par M. K. de Kafka, pour ne citer que ceux dont l’auteur et son personnage sont amenés à se confondre. J’ai appris l’art au contact d’artistes, d’intellectuels et autres administrateurs culturels, en regardant leur manière de faire et de penser, plus finalement qu’au contact des œuvres elles-mêmes, qui je crois, finissent toujours par me lasser. J’ai compris plus tard que ce que j’aime c’est cette présence, cette compagnie de ceux avec qui je partage une certaine manière de penser et d’agir. Inventer ce personnage artiste et travailler à plusieurs derrière lui, exister sous son identité, c’est en quelque sorte rendre hommage à tous ceux au contact de qui ma pensée s’est construite et se transforme. C’est aussi poser des questions sur l’économie de l’art, son fonctionnement et les conditions de son existence. Dans L’homme sans qualités, Robert Musil écrivait, “nous prenons toujours la forme du premier monde venu”, et j’ai l’impression que c’est ce qu’est Oscar Roméo, un artiste qui prend la forme d’un autre.